« Depuis 30 ans, le Net nous a apporté plus qu’il ne nous a retiré, expose Philippe Coen. La question, c’est : comment est-ce qu’on intègre la signalétique dans ces réseaux où on a tout inventé, sauf les panneaux ? Comment est-ce qu’on invite la réflexion et l’éthique dans les débats ? »
Pour cet avocat de formation, juriste qui travaille depuis un quart de siècle sur le droit appliqué à l’informatique, l’histoire de Respect Zone a commencé le jour où un de ses fils lui a raconté que dans sa classe au collège, un groupe Facebook privé avait été créé pour se moquer d’un professeur noir.
C’est ainsi qu’est née en 2014 l’association Respect Zone, un nom choisi parce qu’il est compréhensible « aux quatre coins du monde » et positif. « Ce n’est pas une panacée, admet son créateur, c’est une quête qui fait plus penser au mythe de Sisyphe qu’à autre chose, mais ce serait bête de ne pas tenter. »
« Parler pour, pas contre »
L’appellation est née d’un brainstorming entre Philippe Coen et ses fils, « en cherchant le plus beau dénominateur commun contre le racisme et le harcèlement ». Trois ans après, le fondateur de Respect Zone est fier que son logo s’affiche sur des pages du site de l’Unesco et du ministère de l’Education nationale, et que ce soit « une initiative française qui s’exporte », en parlant « pour, pas contre ». Sa philosophie : jouer la bienveillance et l’empathie, contre le racisme, l’homophobie et toutes les intolérances.
Avant son nouveau livre « Internet contre Internh@te » (prononcer interne-« hate », haine en anglais – une formule empruntée aux « Inrockuptibles »), qui décline ses propositions contre la haine en ligne, le juriste a coécrit un livre sur l’arrivée dans le domaine public de « Mein Kampf ».
Il s’était alors demandé « comment valoriser les sites qui font un travail d’éducation en présentant des textes assassins comme ceux de Hitler ou de Goebbels ». C’est ainsi que s’est formée ensuite la réflexion sur le label et la charte Respect Zone : « On cherchait à labelliser positivement les sites qui font un travail d’éducation. »
« Depuis 30 ans, le Net nous a apporté plus qu’il ne nous a retiré, expose Philippe Coen. La question, c’est : comment est-ce qu’on intègre la signalétique dans ces réseaux où on a tout inventé, sauf les panneaux ? Comment est-ce qu’on invite la réflexion et l’éthique dans les débats ? »
Pour cet avocat de formation, juriste qui travaille depuis un quart de siècle sur le droit appliqué à l’informatique, l’histoire de Respect Zone a commencé le jour où un de ses fils lui a raconté que dans sa classe au collège, un groupe Facebook privé avait été créé pour se moquer d’un professeur noir.
C’est ainsi qu’est née en 2014 l’association Respect Zone, un nom choisi parce qu’il est compréhensible « aux quatre coins du monde » et positif. « Ce n’est pas une panacée, admet son créateur, c’est une quête qui fait plus penser au mythe de Sisyphe qu’à autre chose, mais ce serait bête de ne pas tenter. »
« Parler pour, pas contre »
L’appellation est née d’un brainstorming entre Philippe Coen et ses fils, « en cherchant le plus beau dénominateur commun contre le racisme et le harcèlement ». Trois ans après, le fondateur de Respect Zone est fier que son logo s’affiche sur des pages du site de l’Unesco et du ministère de l’Education nationale, et que ce soit « une initiative française qui s’exporte », en parlant « pour, pas contre ». Sa philosophie : jouer la bienveillance et l’empathie, contre le racisme, l’homophobie et toutes les intolérances.
Dans « Internet contre Intern@te » (éditions Le Bord de l’eau, 2017), Philippe Coen détaille ses propositions contre la haine en ligne
Avant son nouveau livre « Internet contre Internh@te » (prononcer interne-« hate », haine en anglais – une formule empruntée aux « Inrockuptibles »), qui décline ses propositions contre la haine en ligne, le juriste a coécrit un livre sur l’arrivée dans le domaine public de « Mein Kampf ».
Il s’était alors demandé « comment valoriser les sites qui font un travail d’éducation en présentant des textes assassins comme ceux de Hitler ou de Goebbels ». C’est ainsi que s’est formée ensuite la réflexion sur le label et la charte Respect Zone : « On cherchait à labelliser positivement les sites qui font un travail d’éducation. »
« Les inventaires sont nombreux, je n’ai pas voulu m’en tenir à l’énoncé de ce qui va mal. Ça peut paraître un peu basique, mais aucune autoroute n’est sécurisée sans règles dites », explique-t-il en partant de l’image des autoroutes de l’information.
La charte de Respect Zone est volontairement simple, se déclinant en quatre points (détaillés en ligne) :
- « Je respecte l’autre.
- Je modère mes contenus.
- Je modère mes espaces numériques.
- J’affiche le label. »
Un engagement de TF1
TF1 a signé début décembre un partenariat avec Respect Zone. Le groupe audiovisuel, qui compte 60 millions d’abonnés (amis, followers etc.) sur l’ensemble des réseaux sociaux, intégrera dans ses espaces numériques les outils de Respect Zone : « Sur chaque page, sur chaque réseau social du groupe TF1, explique Philippe Coen, il y a une référence aux valeurs du respect avec un lien direct vers le site de Respect Zone, avec son petit signe. »
Effet de com’ ? « Le fait que le groupe TF1 se mette aux couleurs du respect, ça montre leur compatibilité et le fond des valeurs qui les anime, c’est une réaffirmation de valeurs. Ce n’est pas un travestissement, rétorque Philippe Coen, mais le fait de conforter leurs valeurs avec une initiative issue de la société civile, et de France. Cela permet de manifester que l’émission de contenus de TF1 sur les réseaux sociaux par TF1 respecte la charte, c’est un engagement fort pour un groupe avec 3.000 salariés, avec toutes les filiales et les partenaires qu’ils ont. »
« Lorsqu’un site de média, de manière générale, affiche les valeurs de la charte de Respect Zone, c’est un message très fort pour ceux qui viennent déposer leurs commentaires. Ça veut dire que quand vous commentez sur les réseaux sociaux du groupe TF1, qui sont des réseaux modérés, l’idée c’est de dire ‘mais au fond, quelles sont les règles de la modération ?' »
« Modération, c’est un mot flou »
En effet, souligne Philippe Coen, « modération, c’est un mot ectoplasmique, c’est un mot flou. Nous, on met du sens sur ce mot-là. L’article 1 de notre charte, quand vous voyez notre label en ligne ou offline, numérique ou en présentiel, cela veut dire que les valeurs du respect sont escomptées ou intégrées.
Article 2, le responsable éditorial s’engage à respecter la loi, avec trois axes :
- je m’abstiendrai de harceler,
- je m’abstiens de discriminer – ce qui comprend les 22 incriminations du code pénal, qui un jour seront peut-être 23, 24 ou plus;
- vous ne trouverez pas des contenus qui incitent à la violence, à la barbarie et au terrorisme, ce qui s’appelle la lutte contre la radicalisation.
Notre association travaille positivement sur ces trois piliers, harcèlement, discrimination, radicalisation, sur une base globale, ce qui est unique. C’est peut-être pour ça que TF1, l’Unesco, le ministère de l’Education nationale, et bientôt nous l’espérons d’autres ministères nous ont choisi. »
Ecoles labellisées
Un établissement d’enseignement par semaine se labellise, et pas seulement en France (exemple récent en Belgique), souligne Philippe Coen. Et quand elles le font, c’est avec un intérêt pour la présence physique du label et pas seulement en ligne ; parce que les problèmes de harcèlement et de comportement violent « n’existent pas que sur la partie cyber. Un panneau de un mètre carré dans les 25 écoles maintenant labellisées, c’est un message très clair. »
Le logo de Respect Zone est ajouté à côté de la photo des élèves dans leur carte d’identité scolaire, qu’ils présentent chaque matin à l’entrée de l’établissement.
Lors de la labellisation d’une école, il y a une cérémonie de signature de la charte, avec toutes les parties : élèves, enseignants et personnels scolaires, et parents d’élèves signent ensemble. « En en parlant avec le ministère de l’Education, c’est le seul document qu’on a trouvé qui est communément signé dans les écoles par les trois parties en présence. »
L’engagement de modérer est un des fondements de la charte de l’association, souligne Philippe Coen, et « modérer, ce n’est pas seulement faire de la voirie, ce qui malheureusement est 99% du rôle des modérateurs. Modérateur, ça ne veut pas dire éboueur – avec tout le respect dû aux éboueurs. Il y a trois approches : c’est aussi répondre par le contre-discours, ce qui ne relève pas que des modérateurs, mais également des autres internautes.
Et c’est aussi signaler, parce que si on ne tire pas la sonnette d’alarme quand il y a un crime qui se commet, on est complice du crime. Quelqu’un qui dit ‘va te pendre’ à une adolescente de 12 ans x fois, si on ne fait rien c’est de la non-assistance à personne en danger – il y a 6 à 12 suicides par an d’adolescents victimes de cyberharcèlement. Et troisièmement, c’est retirer les contenus. »
« Le mot respect est un mot miroir »
Le label Respect Zone a été « particulièrement étudié pour l’environnement scolaire », et on trouve sur le site un livret de 48 pages [PDF] destiné aux établissements scolaires, un guide de la charte, qui recense des bonnes pratiques remontées à l’association.
Parmi les outils utilisés par Respect Zone, il y a également un film muet sur la cyberviolence, diffusé en 2015.
La conviction profonde de Philippe Coen, qui évoque la conduite dangereuse de la plupart des automobilistes des années 1970 avant les radars et les panneaux de limitation de vitesse, est que « l’immense majorité des internautes sauront ce qu’est le respect si on leur explique. Le mot respect est un mot miroir, il en appelle à ce qu’on veut pour soi-même. »
L’association travaille maintenant à « un projet essentiel qui nous tient à coeur ; créer un brevet de modérateur, avec plusieurs niveaux, du primaire au pro en passant par les niveaux collège et lycée. » Sisyphe optimiste assumé, son créateur ne manque comme on le voit pas d’ambition.
Mais il table sur le long terme et l’intelligence : « L’illisibilité de la règle rend l’environnement toxique et dangereux. Il a fallu des années pour que les espaces non fumeurs soient respectés, mais aujourd’hui, qui fumerait sous un panneau ‘non fumeur’ ? »
source : L’Obs